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Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/46

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cassures blanches. Les femmes en firent une robe dite « princesse » pour le petit dieu. Le jour qu’elle fut finie, Arbrissel prit son fils par la main et l’emmena en promenade au Bois pour jouir de l’effet voluptueux des complémentaires sous l’émeraude et le vert Véronèse des frondaisons.

Ses succès véritables commençaient alors. Il semblait qu’il ne fût pas encore jusqu’ici entré dans la carrière mais qu’il y pénétrât seulement aujourd’hui. Le signe le plus sensible en fut bientôt l’aménagement nouveau de son marchand de couleurs, Bonassy, qui acheta rue Bonaparte la maison contiguë à la première afin de pouvoir organiser de vraies expositions, alors que sur la rive droite les impressionnistes restaient fidèles à Durand-Ruel. Mais souvent, aux fins de journée, quand on n’y voyait plus assez pour travailler, Hyacinthe Arbrissel montait jusqu’à la place Pigalle, au café de «La Nouvelle Athènes » où il retrouvait ses amis les plus chers : les « extrémistes » comme Monet, Pissarro, Renoir ; les magiciens comme Degas auquel il disait : « Tu m’apparais, Degas, dans l’apothéose d’un ballet éternel dont les danseuses sont des femmes-fleurs. » Mais c’était Manet qu’il chérissait comme le plus puissant et le plus sensible. C’était également celui dont son génie se rapprochait le plus, car il n’avait pas suivi Monet dans son application du « Chromatisme » à l’art de peindre. Monet, lui, disait bonnement que la couleur n’existe pas, qu’elle est seulement une irradiation de la lumière solaire, des sept tons du spectre avec leurs vibrations différentes qui créent