Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/47

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les variétés du prisme. Que ce qu’il faut rechercher lorsqu’on veut peindre, c’est la composition de l’atmosphère qui gît entre l’artiste et l’objet à reproduire. Que les rayons du soleil sont seuls responsables de la couleur. Que le peintre, en conséquence, au lieu d’user de couleurs achetées toutes faites, devra donc imiter les procédés de la nature, décomposer le prisme pour que l’œil du spectateur reprenne à son compte la synthèse des vibrations.

En conséquence encore, pas de mélanges de couleurs sur la palette ; mais, sur la toile, une série de taches de couleurs qui vibreront au fin fond de l’œil humain jusqu’à recréer la véritable coloration des choses.

En marge de cette théorie qu’il ne repoussait pas entièrement, le génie d’Arbrissel montrait de plus en plus sa puissance. Il avait, en 1875, peint ce fameux portrait de Gambetta, dont les études préalables se trouvaient encore sur la cimaise de son atelier. Le grand Méridional inspiré, en qui la famille d’Annie de Kerzambuc ne voulait voir encore aujourd’hui qu’un affreux républicain, trônait donc toujours ici comme un familier en plusieurs essais d’un fusain magistral. Dans la force de sa quarantaine approchante, sa chevelure de tribun au vent dégageant le front, le faux col dans les puissantes épaules que remontaient les bras croisés, il était vraiment le symbole de la fougue démocratique prête à tout affronter. On y voyait aussi les premières esquisses d’autres portraits demeurés célèbres : celui de Charles Gounod, dans l’encadrement de sa barbe grisonnante et qui