Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

semblait défier l’âge de toute l’incroyable jeunesse de ses yeux ; celui du grand prédicateur dominicain, le Père Monsabré, que l’on courait alors entendre à Notre-Dame et de la robe blanche duquel Arbrissel avait tiré des lumières si étudiées. Et puis les esquisses parfois ébauchées, mais souvent fort poussées de ses grandes toiles. Vers 1877, il avait découvert à sa porte les rives de la Seine, ces berges encore encombrées de guinguettes où il composa une vingtaine d’études pour en tirer trois ou quatre grandes toiles : vues sur les coteaux de Suresnes ou sur ceux de Courbevoie. Prise d’en bas, du niveau de l’eau, l’arche unique du pont de Neuilly, qui possède un caractère d’architecture puissante, était posée de telle façon par rapport à l’œil du peintre — donc à celui du public — que l’œil de ce public pouvait apercevoir, inscrite dans cette ligne admirable qu’est une courbe distendue, toute la colline de la rive opposée, Suresnes ou Courbevoie, écrins de mille joyaux de couleur donnés par les toits de tuile rouge, la mèche verte d’un cyprès dans un jardin, la frondaison pourpre des arbres d’automne, alors qu’au premier plan les barques de plaisance sur la Seine se hérissent de mâts grêles qui allègent de leur ligne droite, rose et orangée, toute cette vision féerique d’une journée d’été. Les tableaux parachevés avaient été achetés par de grands amateurs anglais ou américains. Les études, véritables originaux, demeuraient ici pour la joie des visiteurs.

Souvent, mais spécialement les jeudis et les dimanches d’hiver, quand le soleil disparaissait de bonne heure derrière les coteaux de Saint-