Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/49

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Cloud, emportant les dons de sa magie et faisant place aux lampes à huile, l’atelier d’Arbrissel s’emplissait de visiteurs qui se mélangeaient aux toiles en travail, au désordre des cartons, aux merveilleuses étoffes, soies, brocarts, velours de couleurs éclatantes traînant sur les divans et les canapés, le tout autour d’un poêle où ronflaient les longues flammes de la houille. Ces visiteurs étaient ordinairement de marque. Beaucoup de vieilles personnes, de dilettantes âgés qui renâclaient, comme chevaux offusqués devant un obstacle, à chacune des rencontres que le hasard leur ménageait avec les « impressionnistes » et leurs partis pris de jeunes hommes entêtés. Avertis de ce qu’aurait de saisonnier leur initiative, rénovatrice au fond, de la décomposition de la lumière, ils se tournaient, bien aises, vers cet autre jeune homme qui, tout en bannissant de sa peinture « les bitumes », comme on disait alors, avait capté chez les rénovateurs, ou plutôt bu aux mêmes sources de l’évolution picturale, la couleur enivrante.

C’était une société bien diverse. De rends

amateurs ; des politiciens de l’ancien régime ; des conservateurs qui boudaient fièrement cette troisième République dont le président, le maréchal de Mac-Mahon, se trouva d’aventure ici avec son Éminence l’Archevêque de Paris. La charmante Annie ravissait et harmonisait ensemble des personnalités aussi hétéroclites que marquantes, légitimistes, bonapartistes ou républicaines.

Un soir d’hiver, dans l’atelier d’Hyacinthe Arbrissel tout sonore, à l’heure du goûter, du