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Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/61

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Un grand silence s’était fait. Un asile mystique l’avait recueilli, puis les portes de la rue s’étaient lourdement refermées pour l’enclore, l’emprisonner dans une sorte de ciel terrestre où, sans le voir, il sentait régner le Seigneur Jésus. Ce n’était pas seulement à la chapelle que cet enfant secrètement avide de spiritualité le retrouvait dans un tête-à-tête ineffable. Grâce à un jeune novice, maître d’études, il eut en mains l’Imitation de Jésus-Christ. Ce fut pour lui la clef des architectures sublimes du mysticisme. Il s’était en quelques jours bâti une sorte de château intérieur bien connu des saints où il se promenait avec délice : … « C’est une grande chose que l’amour et tout à fait un grand bien, lisait-il dans ce livre séraphique ; seul il rend léger tout ce qui est pesant et supporte également ce qui n’est pas égal, car il porte une charge sans en être chargé, et tout ce qui est amer il le rend savoureux. L’amour de Jésus, noble amour ! donne l’impulsion aux grandes œuvres, il excite à désirer toujours plus de perfection. Rien n’est plus doux, que l’amour, ni plus élevé, ni plus étendu, ni plus agréable, ni plus abondant, ni meilleur au ciel et sur la terre, parce que l’amour est né de Dieu et qu’il ne peut, fors en Dieu et au-dessus de toutes choses créées, se reposer. »

Et quelquefois, à la chapelle, en oraison après le sermon biquotidien du prédicateur de la retraite, on le voyait s’essuyer les yeux du revers de sa main qui tenait le livre, ce livre qui redisait l’appel éperdu vers le Christ Jésus : « Voici, c’est moi Je viens à toi, Seigneur, pour bénéficier de ton cadeau et pour être en liesse à