Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/70

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a complètement cessé de peindre ! — Bast ! reprenait le grand homme, ce n’est pas une grande perte pour l’art ! — Vous n’en savez rien. Peut-être aurait-il montré une grande originalité. — Non, non, chère amie, je vous assure. Il voit mièvre. C’est détestable. Qu’il fasse donc des mathématiques ou des lettres ! »

C’est la théologie qu’en marge de ses humanités il étudia au collège. Très « bon » en latin, il se mit à traduire, avec une aisance que justifiait la facilité apparente de la syntaxe latine propre à ce livre, la Somme, de saint Thomas d’Aquin. Mais cette traduction lui donna des troubles et des inquiétudes telles que ses maîtres lui en défendirent la lecture en dehors des cours d’instruction religieuse où l’on expliquait cet ouvrage difficile.

Ce fut la grande crise de son adolescence L’année qui précéda son premier bachot s’avéra encore plus lourde que l’autre pour ses seize ans. Il assistait à l’atelier de son père à l’exécution de la grande toile d’Hyacinthe, le Combat des Géants. Il passait là ses jeudis et ses dimanches à le regarder peindre, négligeant le livre qui posait sur ses genoux. Le moindre accent que jetait la brosse paternelle pour faire. « tourner rond » un muscle saillant lui semblait miraculeux. La matière prenait son volume, devenait plus substantielle par d’insaisissables artifices du peintre : une tache claire, une ombre imperceptible, et l’hercule lentement se construisait. Hyacinthe, palette en main, chantonnait en travaillant. Rarement une parole tombait de sa bouche, mais les chansons de l’époque : « Mademoiselle,