Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/80

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ses émotions actuelles. Comme un enfant accablé d’une charge trop lourde et qui s’en défait où il peut, il fut terrible pour les délits de passion dans cette dissertation où son cœur gros se libérait à son tour. Au classement, il était premier. Arbrissel demanda le devoir pour le lire. C’était précisément ce que voulait le fils. Le père ne le lut jamais.

La princesse de la Lande-Posay venait désormais aux jeudis des Arbrissel. On la voyait rieuse, spirituelle, hardie, de gai et libre langage, aimant scandaliser les vieilles personnes qui se trouvaient là ; disant, par exemple, qu’à la campagne elle se mettait en homme pour chasser ; qu’elle allait à cheval en culotte ; qu’elle adorait l’Assommoir, Nana et toutes les œuvres d’Émile Zola qui faisaient tant de bruit ; contant « avec un esprit du diable » — trouvait Mme Arbrissel — de gaillardes histoires de paysannes amoureuses au village de Posay, ou même de Parisiennes en son quartier de l’École Militaire. Quand à cinq heures on prenait la tasse de chocolat réglementaire des bonnes maisons où le thé n’avait pas encore fait son apparition, Mme Arbrissel interrompait le service de Nourrice pour l’envoyer chercher M. Pierre qui travaillait en bas, dans sa chambre. Mais Pierre se faisait généralement excuser près de sa mère. Il avait un devoir commencé, une composition à préparer. La paisible Annie, toujours peinée de ces refus, montrait alors son fils plongé dans ses études comme le bénédictin classique ou le savant à son laboratoire. On aurait pu croire qu’il était le seul garçon à