Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/81

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préparer son second baccalauréat. La princesse, allumant une cigarette à celle d’Arbrissel, ce que les dames présentes fort choquées feignirent de ne point voir, demanda un de ces jeudis-là : « Est-ce moi qui lui fais peur à ce jeune philosophe ? — Mais, peut-être, chère amie », répondit-il, sans lui adresser le sourire attendu. « Je n’aime pas votre fils, murmura-t-elle, très bas. — Moi, je l’aime », répliqua Hyacinthe. Tous deux à cet instant fouillaient un immense carton où le peintre rangeait ses études, ses esquisses préparatoires bâclées au fusain. Elle, semblait l’aider, pendant que quelques visiteurs prenaient congé de la maîtresse de maison, faisaient de longs adieux. De temps à autre, elle lançait un adjectif louangeur. Puis plus bas : « Je suis horriblement jalouse, Hyacinthe ! Je n’existe pas pour vous à côté de lui. Il vous demanderait de me faire jeter dehors par votre portier, vous le feriez ! — Mais, femme chérie, vous voyez bien que je ne le fais pas, puisque j’imagine le moindre prétexte pour vous retenir quelques instants ! »

Toute la préparation de Pierre à sa seconde partie de baccalauréat fut obsédée par la liaison de son père. Il était évident qu’Hyacinthe comptait sur lui pour l’aider à brouiller tous les aperçus, toutes les découvertes, tous les soupçons qui eussent pu éclairer à ce sujet la candide Annie. « Je ne sais pourquoi, disait la grande dame qui