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VIII

Au retour à Paris, Pierre Arbrissel devait trouver un apaisement personnel de ses troubles. Il rentrait pour cette année encore chez les Dominicains pour préparer une licence de lettres. Ses maîtres voyaient là une formation fort efficace pour la prédication de l’Évangile vers laquelle il béait, comme ses camarades vers l’idéal féminin.

Il connut là, dès le premier trimestre, une période inoubliable de délices spirituelles qui l’emportaient véritablement au-dessus de la terre. C’étaient de mystiques fiançailles avec son Dieu. Il n’est pas de vieux religieux, ni de vieux prêtres, ni de vieilles moniales qui ne se souviennent avec un émoi sacré de ces bondissements de leur cœur qu’ils ont tous connus lors de leur entrée en religion. Dans le petit hôtel de la rue Saint-James, quand il rentrait le soir du collège ou des cours de la Sorbonne, on l’entendait chanter dans sa chambre. Sa nourrice donnait du coude dans le coude de la cuisinière : « Écoutez donc M. Pierre ! — Il doit avoir l’amour