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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/100

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Ses yeux de feu, quand elle parla de sa liberté, prirent une poignante expression elle revoyait en pensée le vieux prophète indomptable, la radicale indépendance de la vie menée jusqu’alors, et Kosor qui disait que c’est un crime d’obéir. La délicate princesse comprit-elle son sentiment ? Elle riposta, secouant la tête gaiement :

Je ne vous donnerai pas de leçon, mademoiselle, j’en prendrai, je suis déjà fière d’être votre disciple. Vous me procurez la première grande joie complète de ma vie ; je vous la conterai ma vie, si cela ne vous ennuie pas ; elle ne fut pas bien gaie. N’est-ce pas, ma bonne Bénouville ?

La vieille Française eut un profond soupir, elle ajouta :

— Son Altesse n’est pas d’une forte santé. Elle a connu plus la chaise longue que les carrosses de fête. Une simple jeune fille est plus heureuse souvent que l’enfant d’un grand souverain. Que de joies défendues ! Son Altesse n’en a guère goûté d’autres que celles de l’étude. Elle en a souvent abusé. C’est une femme moderne. Elle sait tout.

— Bénouville, vous devenez flatteuse. Qu’est-ce que mademoiselle Hersberg va penser de moi et de la cour ?…

Clara ne daigna pas répondre.

— J’ai eu de grands maîtres, reprit l’Altesse,