Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/99

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La savante reconnut la main d’enfant maladive aux trop longues phalanges. Elle s’avança.

Son Altesse Royale Wanda, archiduchesse d’Oldsburg, héritière du trône de Lithuanie, était allongée, pâlie, émaciée et souffreteuse, au fond de ce lit de repos où l’on immobilisait son genou malade. Seul son buste délicat se mouvait un peu. Elle se redressa en disant :

Oh ! que je vous remercie d’être venue ! Que je suis heureuse ! Si vous saviez, si vous saviez…

Clara, raidie, impassible et défiante, repartit : C’est moi qui vous ai beaucoup de reconnaissance, mademoiselle.

Et derrière elle, la vieille gouvernante soufflait :

— Altesse… On dit : Altesse.

Mais l’archiduchesse ayant surpris ces suppliantes admonestations, sourit :

— Non, ma bonne Bénouville, je vous en prie, pas d’étiquette. Il n’y a ici qu’une Altesse, et ce n’est pas moi, qui me sens tellement ignorante près d’une femme comme mademoiselle Hersberg.

Mais Clara ne désarmait pas : elle demeurait grave et reprit :

Il faudra que Votre Altesse me soit très indulgente. Je ne suis qu’une roturière ; je n’ai aucune idée des usages de la cour. Je ne connais que les formules de ma chimie et point celles du cérémonial. J’ai vécu toujours librement…