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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/108

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l’Union. Courage, Ismaël ! Je te conjure de n’être pas violent, mais actif. Je crois à la grève. J’en espère beaucoup. Ce sera la première tentative d’organisation prolétarienne en Lithuanie. Je le comprends aujourd’hui mieux que jamais ce n’est qu’au prix d’une évolution politique que nous aurons l’évolution sociale. Mais je crois que cette métamorphose bienfaisante de l’État peut s’accomplir sans convulsion. Organise des conférences, écris des brochures. Il nous faut augmenter dans l’Union le contingent intellectuel, nous faire des adeptes parmi les professeurs, les instituteurs ; tous ceux qui ont un moyen d’action morale. Il nous faut aussi posséder l’Armée si nous voulons éviter l’effusion du sang. Mon ami, certes, je souffre ici, mais il se peut que ce séjour me soit profitable. Mon point de vue s’élargit étrangement, ma foi libertaire s’échauffe et je n’ai jamais si bien compris combien tu m’es nécessaire, cher appui de mon cœur, sans qui je ne puis vivre. Je n’ai que toi au monde, mon ami, souviens-toi de cela. »

Ce fut comme Clara signait cette lettre qu’un billet de la reine lui fut remis, l’invitant au thé du soir.

— Mademoiselle a de la chance, lui dit sa petite camériste qui, très au courant des choses de la cour, devina l’invitation. Il y a des personnes à Oldsburg qui donneraient dix ans de leur vie pour être priées au thé de la reine et qui ne le seront