Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/123

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jeune lord contre le rayonnage empli de livres, et il ne quittait pas du regard Clara ni l’interlocuteur de celle-ci,

— Ma petite Czerbich, dit la reine, vous seriez gentille de m’apporter ma tapisserie.

Et comme elle souffrait de cette gêne subtile que la venue de l’intruse avait amenée dans la réunion, elle s’écria, dans sa jovialité irrésistible

— Voyons, messieurs, je vais avoir un écheveau de laine à dévider, lequel de vous va me tendre ses bras ?

Un vieillard colossal, en petite tenue de général, le col et les parements brodés d’or, la moustache en brosse, le front magnifique, les cheveux blancs tout plats sur la nuque, déclara :

— Celui à qui Votre Majesté fera l’honneur d’un signe.

— Eh bien, duc, vous croyez que c’est facile ! Si je choisis le plus jeune, ce sera trop sans-façon, mais si je désigne le plus âgé, je serai très impolie. Voyons, vous, un homme de gouvernement, donnez-moi un conseil.

Clara, qui se sentait en confiance près de son jeune voisin, lui demanda :

— Qui est ce monsieur officiel ?

— Un gros morceau, fit le jeune homme à mi-voix ; un de ceux avec qui l’on ne badine pas : le duc de Zoffern, grand maréchal d’État, et c’est la duchesse que vous voyez en satin écarlate, assise devant la fenêtre, entre la comtesse Thaven et la