Aller au contenu

Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

comtesse Hermann Ringer, grande maîtresse de Sa Majesté.

— On croirait une impératrice, lança Clara enfantinement.

— Vous ne saviez pas si bien dire, mademoiselle.

Clara suivait d’assez près la politique pour connaître que le grand maréchal d’État, premier ministre du royaume et fougueux autoritaire, était en opposition avec Wolfran, que ces deux hommes se disputaient et s’arrachaient sans cesse le pouvoir sous les dehors d’une rigide courtoisie. On disait que toutes les concessions accordées aux libéraux par le jeune souverain, il les avait enlevées de haute lutte sur l’ancien conseiller de Wenceslas et, les yeux pleins d’une curiosité presque naïve, elle scrutait le potentat secret de la Lithuanie.

— Je dois paraître bien dépaysée ici, expliquait-elle, j’ignore tout de la cour et je suis plus à ma place dans un laboratoire, parmi mes fioles, mes piles et mes éprouvettes, que dans un salon.

— Moi non plus, je ne suis guère homme de salon, dit l’inconnu.

Cependant, la petite comédie de la reine se poursuivait à propos de l’écheveau de laine. Elle y paraissait prendre un plaisir extrême. Madame Czerbich avait apporté le métier, les pelotes et une brassée de laine vieil or que Gemma prit et souleva en l’air. Sa physionomie si chaude, si