Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/125

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expressive, devint extrêmement malicieuse. Elle disait en soliloque :

— Je n’ai jamais trouvé que le métier de dévidoir ait rien de noble. C’est pourquoi je suis très embarrassée. Pourtant, si je savais faire honneur à quelqu’un de ces messieurs…

Le grand maréchal déplaça son herculéenne stature, parcourut des yeux toute la pièce, et son regard vint s’attacher avec persistance sur le compagnon de Clara ; tout le monde observait le jeune homme, machinalement ; il paraissait tout désigné et se divertissait lui-même à ce jeu. Mais à la fin, la reine, avec la mine d’une femme qui prépare un bon tour :

— Puisque vous voulez bien trouver honorable de me rendre ce léger service, duc, je ne puis que jeter mon dévolu sur vous. Voici le tabouret, veuillez le prendre et me faire l’amitié de me tendre vos deux poignets.

Il y eut un petit sifflement rauque, à peine perceptible : c’était la grande maréchale, duchesse de Zoffern, dressée dans sa robe rouge, qui, voyant son mari dans cette posture, respirait un peu fortement. Ses membres géants gênaient le maréchal qui était à demi accroupi devant la souveraine, levant ses gros poings velus. L’écheveau se tendait, rigide ; parfois le brin de laine s’accrochait à son poil. Gemma dévidait imperturbablement :

— Voyez, mademoiselle Hersberg, disait-elle,