Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ou un livre. La grande maîtresse de Sa Majesté aimait, pour une jeune fille, quelque teinture de lettres, d’histoire et d’astronomie qui, disait-elle, est poétique. Madame Czerbich, à qui la reine en passait beaucoup, avoua qu’elle était féministe, et réclama jusqu’à des droits politiques pour ses sœurs.

— Êtes-vous féministe, mademoiselle Hersberg ? demandait-elle de sa voix aiguë.

Clara riait, disait qu’elle n’en savait rien, ses revendications portant ailleurs. Le jeune lord, avec un accent prononcé, annonça qu’en Angleterre, ces idées feraient avant peu une révolution. Madame de Bénouville trouvait tout cela très hardi. Elle agitait, sur ses frêles épaules, sa large figure de cire aux beaux yeux tristes ; ses dentelles flottaient, et elle assurait que, dans son pays, les femmes avaient un tact charmant pour dissimuler, sous les dehors les plus bourgeois et les plus simples, un développement cérébral quelquefois excessif. Là-dessus, le mystérieux personnage en redingote, qui n’avait encore rien dit, prit la parole :

— Les Françaises sont dans le vrai, déclara-t-il. L’avenir des peuples est lié à l’épanouissement intellectuel des femmes, mais il dépend aussi de leur épanouissement intégral et, si elles se déclassaient comme femmes en devenant savantes et qu’il fallût payer de leur grâce, de leur santé physique, de leur vocation maternelle,