Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/128

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l’élévation de leur esprit, ce serait un progrès à rebours.

Clara se pencha vers son voisin et demanda :

— Comment s’appelle cet homme de bon sens ?

La reine, ayant fait de l’écheveau de laine une belle boule d’or ronde et pelucheuse, délivra le maréchal, qui se redressa pareil à un Hercule engourdi d’avoir filé. Il était furieux, mais il restait assez fort pour sourire sous sa moustache drue.

— Quand toutes les dames seront devenues scientifiques, nous connaîtrons, nous autres, de petites industries du genre de celle-ci.

La vieille maréchale eut un mot superbe :

— Un écheveau de laine est moins lourd que le bâton, monsieur ; consolez-vous.

Près de Clara, le jeune homme, qui avait hésité une minute, répondit enfin :

— Monseigneur Bertie, duc d’Oldany, prince d’Irlande.

— Le duc Bertie ! répéta Clara surprise.

Et elle vit son interlocuteur tout crispé.

Les journaux connaissaient assez mal le rôle que jouait à la cour cet énigmatique personnage de nationalité étrangère, et dont on disait, pourtant, que lui et le roi ne se quittaient pas. Il ne possédait aucun titre officiel, mais il logeait au palais, et, depuis six ans, ne s’était pas éloigné trois fois d’Oldsburg. Il avait en lui quelque chose de secret, de discret et de modeste. Mais à