Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/131

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pas aimé. Je suis, monsieur, la fille adoptive du docteur Kosor. C’est vous dire…

— Je le savais, mademoiselle, fit seulement le jeune homme.

— N’est-ce pas, je ne peux pas être royaliste ? Il est loyal à moi de l’affirmer très haut, et devant tous. Au surplus, je ne suis pas ici pour faire de la politique. Mais je ne me défends pas de certaines curiosités.

— Votre cas est très intéressant, pensait tout haut l’inconnu.

— J’ai été nourrie de sociologie, d’amour humain, reprit Clara. J’ai désiré d’un grand désir le bonheur du peuple.

Le jeune homme sourit tristement.

— Je crois, mademoiselle, que, quand vous connaîtrez Sa Majesté, vous constaterez qu’elle n’en a pas moins soif que vous. Ah ! le bonheur du peuple, où est-il ? où est-il ?

— Mais, commença Clara, il me semble que…

Elle allait apporter le dogme unioniste si simple, si sûr de soi, du nivellement des classes et de l’égalité ; une pudeur la retint d’être si affirmative au sein d’un monde qui pensait à l’opposé. Elle se tut. Le jeune homme reprit :

— Ce désir est une grande et belle religion qui a beaucoup de sectes. Kosor lui-même, le grand perturbateur, a fait son œuvre, car seul, parmi l’ivraie qu’il a semée, le bon grain a levé. Qui peut dire si les sages réformes libérales du nou-