Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/142

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— J’ai un cœur pourtant comme une jeune fille ordinaire, dit l’Altesse.

Et elle se mit à pleurer doucement. Ses larmes troublèrent extrêmement Clara, qui avait toujours vécu dans l’éloignement de toute compagne, de toute tendresse de femme, entre les deux Kosor exaltés, passionnés et ténébreux. Elle reprit :

— Qu’arriverait-il si, au jour où Votre Altesse régnera, je suivais ma destinée et que je fusse impliquée dans quelque mouvement dirigée contre le trône ? Tout mon passé, toutes mes affections, toute ma foi m’entraînent contre l’idée dont vous êtes le symbole, Altesse. Oui, je crois cette idée mauvaise, je la déteste, et je vous aime bien pourtant.

Elle s’attendrissait elle-même, sans le savoir. Wanda repartit :

— C’est comme moi, vous.

Elles demeurèrent un instant silencieuses. Machinalement Clara revint à ses piles. Devant chacune des six fenêtres de la pièce hexagonale, il y avait une table large pour les manipulations. Le bois en était tout neuf, satiné, fleurant le sapin’. L’acide aurait vite fait d’y mordre. Beaucoup des ustensiles étaient encore dans leurs caisses, sous les tables. Clara fixait les fils aux éléments voltaïques. L’archiduchesse reprit ses béquilles, s’approcha et dit :

— Puisque je suis mieux et que j’ai pu venir jusqu’ici, commencerons-nous aujourd’hui le fluor ?