Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/144

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nies du sacre que j’évoque, mais bien plutôt les funérailles qu’on me fera un jour. Ça doit être très somptueux des funérailles d’archiduchesse. Je vois le grand vaisseau gothique superbement tendu de draperies blanches semées de larmes d’argent ; au milieu, le catafalque monumental tout blanc aussi, parmi les innombrables petites flammes jaunes des cierges, prisonnières de la cire, et les grandes flammes bleues des torchères qui sont sinistres ; l’orgue pleure, les violons du théâtre, les violoncelles pleurent, une cantatrice de l’Opéra chante un psaume lugubre, et le clergé y mêle ses répons douloureux.

— Mais c’est fou, Altesse, c’est fou, dit Clara. Et elle agitait le tube de verre où le gaz fluorhydrique venait se condenser en gouttelettes.

— Votre Altesse est pleine de vie.

— Vous croyez ? les médecins pas. On a bien peur que je n’aille pas jusqu’à mes vingt ans, allez !

— Les médecins se trompent, affirma Clara. Vous vivrez, Altesse ! Laissez de telles idées. Voyez, notre expérience se parachève. Voici l’acide ; malheureusement, cette solution n’est pas pure. Il s’y mêle de l’acide fluosilicique, à cause de la silice que contient toujours le spath fluor.

— C’est ennuyeux, s’écria Wanda qui s’abandonnait vite aux mille choses captivantes de l’existence réelle : moi qui croyais que nous pourrions procéder à l’électrolyse ce matin.