Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/150

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a dû complètement cesser le travail. Demain une délégation d’industriels doit se rendre au palais pour obtenir de Wolfran le retrait des décrets. Ils disent que les nouveaux tarifs des houilles ne leur permettent aucune concession aux revendications des grévistes. La crise est aiguë. Il serait plaisant que satisfaction fût donnée au prolétariat par l’entremise du capital ; pour la cause, il serait préférable que leur démarche échouât. Le prolétaire doit savoir ne compter que sur lui-même c’est la guerre qu’il lui faut.

— La délégation des industriels ne verra point le roi, dit Clara.

— Pourquoi ? demanda Ismaël.

Mais elle avait trop parlé, et refusa d’être plus explicite. La vérité, c’est que depuis plusieurs semaines, Wolfran était au lit, souffrant de ce même mal héréditaire et secret de la famille régnante, qu’il avait transmis à sa fille. C’était un mystère farouchement voilé que ces abcès fréquents des membres, de la hanche surtout, qui atteignaient l’harmonie et l’esthétique de ce corps royal fier et sacré. Le souverain ne devait être connu que dans sa splendeur physique, sain, fort, puissant. On cachait la tare, on se refusait à l’avouer. Et c’était seulement la veille. qu’au laboratoire, dans un moment d’expansion et d’intimité où Clara se plaignait à l’archiduchesse de n’avoir pas encore été mandée près du roi, Wanda, confiante, avait tout dit.