Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/162

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éclat venait moins de sa personne que de l’appareil théâtral qui l’entourait. D’ailleurs, outre l’éclat des bijoux, le scintillement des pierreries, la richesse des costumes, il y avait dans cette assemblée autre chose d’indéfinissable, et l’égalitaire qu’était Clara le sentit tout à coup, quand, dans ce milieu inexprimablement noble, elle eut conscience de sa roture et en conçut de la gêne. Qu’avaient donc ces femmes, qui les grandissait ainsi ? Elles ne possédaient, pour la plupart, ni beauté, ni attrait, ni savoir, ni talent. Et Clara soudain pensait qu’elle avait été mise au monde dans un hôpital, élevée par deux hommes farouches, nourrie d’une science unique au fond de laboratoires solitaires.

Au même instant ; Gemma, qui était prête, se dirigea vers le grand salon où toutes les dames la suivirent.

Le grand salon était encore vide. Il en parut plus vaste. Au fond une tribune à balustres dorés était soutenue par trois colonnes. Des cariatides de marbre supportaient l’ornement de la corniche. Les trois fenêtres énormes ouvraient sur le pare. On voyait le lac glacé, les sapins, et dans le fond Oldsburg avec ses tours, ses clochetons et ses flèches.

La reine avait laissé les libres propos dont elle était coutumière. Elle s’avança lentement vers une des fenêtres pour jeter un coup d’œil sur le lac. Lentement, les dames de la cour se dépla-