Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/176

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Malgré cette ignorance de toute timidité qu’elle devait à l’extrême simplicité de son esprit, Clara était oppressée, le cœur pesant, les paupières battantes.

— Sire, reprit-elle d’une voix altérée, depuis que j’ai vu Votre Majesté au Château-Conrad, il y a dix jours, et que votre personne m’est apparue si différente de la figure amèrement dépeinte par les ennemis de Votre Majesté, une idée m’accompagne sans cesse, m’obsède au point que j’ai comme malgré moi demandé cette audience.

Wolfran, sanglé dans le dolman noir brodé d’étoiles, se tenait des deux mains à l’accoudoir du fauteuil de bureau. Un rayon de soleil vint jouer dans sa chevelure rousse, abondante et rebelle. Il voulait plaire, il souriait :

— Encore une fois, vous êtes la très bienvenue, redit-il ; s’il m’était permis de vous être agréable, je m’estimerais très satisfait.

— Voici, dit Clara, les yeux baissés : je suis unioniste ; je suis la fille adoptive du révolutionnaire Kosor ; tous ses sentiments humanitaires revivent en moi ; je ne puis renier ni lui, ni ses idées, je me dois trop à lui et à elles ; que Votre Majesté excuse ma franchise…

— Mais elle vous honore, mademoiselle Hersberg.

Clara poursuivit plus bas :

— J’ai toujours combattu l’idée royale. Je ne crois pas…, il ne me paraissait pas bon que