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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/177

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l’homme fût entièrement soumis à un autre homme, comme le sujet l’est au souverain. Peut-être me trompais-je. Là n’est point l’essentiel de ma foi ; une conviction bien autrement assurée et irréfutable la constitue, où je ne redoute pas l’erreur : je crois au droit qu’a le peuple d’être heureux, je crois au devoir qui nous incombe d’améliorer son, sort, à l’obligation de l’aimer, de l’aider. Je me suis donnée toute à cette idée, et là je sais que je ne me trompe pas. Or, à cette heure, Sire, le peuple souffre plus que jamais. Les nouveaux décrets concernant les tarifs douaniers pour le charbon et le blé ont rendu sa misère intolérable. Trente mille êtres humains endurent la faim et le froid. Cependant, Votre Majesté est toute-puissante, elle l’a prouvé. Que ces droits, au lieu d’être augmentés, soient. supprimés, c’est aussitôt le régime d’un relatif bien-être, le prix du pain réduit de moitié, le chauffage permis aux pauvres et surtout le relèvement des salaires dans l’industrie où le budget de la houille sera sensiblement allégé.

Wolfran la considérait sans répondre. La beauté de cette femme si ardente dans sa revendication humanitaire l’impressionnait peut-être peut-être était-il seulement ému par la limpidité de cette âme supérieure qui conservait la naïveté de concept des révolutionnaires simplistes.

— Mademoiselle Hersberg, dit-il enfin, croyez-vous parler ici à un ennemi du peuple ?