Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/181

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doctrines collectivistes de l’Union élèvent un mur entre votre société et des gens pour qui la petite propriété c’est la vie. Vous n’aurez jamais de pires ennemis que les agriculteurs. Mais ignorez-vous qu’en rétrécissant le champ d’activité terrienne, vous provoquez un afflux de bras à l’industrie, augmentant ainsi la misère citadine, car les salaires s’abaissent quand l’offre est supérieure à la demande.

— Dans l’État-idéal, interrompit Clara, comme il y aura du pain pour tous, la multiplicité des travailleurs ne fera qu’alléger le travail de chaque unité.

Wolfran négligea volontairement l’interruption et poursuivit :

— Quant au charbon, la crise sera passagère : l’an prochain, les Oldsburgeois se chaufferont à la flambée des houilles lithuaniennes. Déjà on creuse les puits dans le Sud. Nos ingénieurs déploient une énergie fébrile ; les concessions s’arrachent là-bas ! Ne fallait-il pas protéger l’industrie naissante contre l’arrivée en masse des charbons étrangers ? Vous dites que les tisseurs meurent de froid. La municipalité a mis du charbon à la disposition des pauvres. Pourquoi le comité de l’Union est-il intervenu, interdisant aux grévistes toute participation à cette libéralité ?

Clara rougit.

— Il semblait à nos frères, dit-elle, que cette aumône insultait à la dignité des travailleurs.