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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/190

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silence. Un peu de rose monta aux joues du prince.

Une atmosphère surchargée d’amour flottait dans cette pièce singulière, comme l’encens dans une église. Clara en était tout oppressée. L’archiduchesse leva vers le prince ses yeux magnétiques et rêveurs, qui exprimaient une si grande tendresse. Clara dit tout bas, avec un geste d’impuissance :

— Ah ! je voudrais vous donner le bonheur.

— Le bonheur, dit le prince — et sa voix trahissait une colère contenue, il serait loin d’ici, dans le secret, dans la médiocrité, dans la liberté.

— Il ne faut plus parler de cela, Géo, fit vivement Wanda.

Sans doute avaient-ils eu tous deux la pensée de renoncer à leur rang pour obtenir le droit de s’aimer. Clara eut encore l’idée que monseigneur de Hansen, en gage de désintéressement, avait revendiqué cette déchéance dont l’archiduchesse repoussait l’idée. Un profond mystère enveloppait cette idylle. Pourquoi le roi s’opposait-il à cette belle union si riante ? Que méditait-il ?

— Vous devez être heureux, en dépit de tout ! se laissa-t-elle aller à dire.

— Nous ne le serons pas, murmura Wanda. Maman nous a permis ce buste,… et puis je crois que cela sera fini.

— Wanda, dit le prince, encore cinq minutes de pose avant que la nuit tombe !