Aller au contenu

Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle reprit la pose avec sa docilité gracieuse de jeune fille qui aime, et, du bout de son pouce, le prince, saisi d’une idée, creusa d’un coup l’attache du nez. Aussitôt, la physionomie extraordinaire du front éclata complète. Clara jeta une exclamation. L’archiduchesse se leva pour venir voir. Le prince était debout, devant la sellette qui supportait cette petite tête fragile et sombre. Ses doigts ne pétrissaient plus la terre molle, ils la caressaient, l’effleuraient, dessinaient idéalement sous l’arcade sourcilière l’amande des yeux. Il soupira :

— Ah ! ces yeux, ces yeux, je les clorai pour ne pas trop mentir à leur vie, à leur pensée…

Puis ses doigts, ses mains longues d’artiste, s’élevèrent un peu, ils épousèrent étroitement le creux des tempes, le doux renflement du front. Il était comme seul vis-à-vis de son ouvrage. Il balbutiait des mots qu’on n’entendait pas. Soudain, on le vit se pencher, appuyer ses lèvres sur cette petite tête brune, l’étreindre, donner à l’image, comme s’il venait de l’apercevoir vivante, un à-coup de cette passion dont il n’avait jamais témoigné l’ardeur à son enfantine amante.

Wanda étouffa un sanglot ; elle s’appuya sur Clara :

— Oh ! ma pauvre Hersberg, quoi qu’il arrive, jamais, jamais je n’oublierai Géo !

Le chagrin de ces deux êtres charmants parut