Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/192

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trop cruel à Clara ; sa nature énergique lui souffla un mot :

— Il faut lutter !

Le prince, blanc comme une cire, se retourna en l’entendant :

— Non, mademoiselle Hersberg, on ne lutte pas contre le roi, surtout quand ce roi s’appelle Wolfran V.

Et plus amicalement, sur un ton qui rappelait leur premier entretien, mais empreint cette fois d’une poignante mélancolie :

— Vous ne savez pas, vous ne pouvez pas savoir, vous, libertaire, ce qu’est le loyalisme. Mais, tenez, vous allez l’apprendre le suprême bonheur est là, devant moi. Vous connaissez assez ma chère Wanda pour apprécier ce que représente son amour ; nous nous appelons, nous nous souhaitons l’un l’autre de toutes nos âmes, et nous nous séparerons cependant ; elle ira vers d’autre destinées plus hautes, et je ne murmurerai pas. Le roi l’aura voulu.

Il attendait que l’unioniste se récriât. Mais elle resta silencieuse. Est-ce que le mot de roi dont elle s’était ri si longtemps possédait vraiment un sens impénétrable pour impressionner des milliers d’êtres, pour commencer à la troubler elle-même ?

— Voilà ce qu’est le loyalisme, mademoiselle Hersberg, finit le prince.

Clara murmura indécise :