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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/193

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— Votre foi me semble belle…, je ne puis l’avoir…

La petite porte s’ouvrit timidement. Madame de Bénouville revenait prendre sa place de duègne près des jeunes gens auxquels, dans sa judicieuse bonté, elle avait ménagé ce long tête-à-tête. L’archiduchesse fit un effort de courage pour ne pas affliger la chère vieille dame :

— Amie Bénouville, montrez donc à mademoiselle Hersberg la collection de la reine Bertha.

C’étaient des instruments de musique qu’elle voulait parler. Ils avaient appartenu à cette charmante et lointaine souveraine, l’aïeule de Wolfran, si éprise d’art, de musique surtout, et de bibelots. Lorsque le Château-Conrad avait été bâti, vers la fin du xviiie siècle, elle y avait réuni cette collection Et madame de Bénouville expliqua comment le roi, qui reproduisait mille traits de cette grand’mère dont il possédait tous les goûts, avait fait transporter au Palais d’Oldsburg les instruments de musique auxquels l’humidité du Château-Conrad était funeste. Il avait vingt ans alors, et il aimait tant jusqu’au toucher de ces belles choses, qu’il s’était enfermé ici, dans cette salle, avec les tapissiers, pour les disposer lui-même

— Alors, dit Clara, Sa Majesté attachait tant de prix à ces souvenirs du vieux temps ?

La vieille dame souriait de plaisir rien qu’à parler de lui.