Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/198

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travaillait patiemment, sans hâte, avec cette belle certitude que, si elle n’y parvenait pas, un autre finirait l’œuvre. Et quand son cerveau de femme, lassé du labeur abstrait, revenait aux contingences, elle trouvait la tendre amitié de l’Altesse, cette sérénité conventuelle régnant en cette partie du palais qu’elle habitait, l’impression d’un ordre immense dans l’État. Elle s’abandonnait à une sorte de tiédeur.

Quatre journaux lui arrivaient, chaque matin, les plus importants de la presse lithuanienne. C’étaient le Nouvel Oldsburg, organe officiel du gouvernement ; la Presse libre libéral, qui après avoir représenté l’opposition sans cesse étouffée sous Wenceslas, allait aujourd’hui un peu plus avant que Wolfran ; l’Avenir, républicain ; et enfin la feuille de l’Union : l’Alliance, où écrivaient beaucoup d’étudiants et dont Ismaël était l’âme. Bien que la situation se tendît de plus en plus à Oldsburg — car on commençait à sentir s’éveiller trop fortement l’intérêt des intellectuels à l’égard des grévistes, alimentés de subsides inépuisables, — Clara parcourait tout au plus la première page de ces journaux. On aurait dit qu’à peine échappée à l’emprise des deux Kosor, elle retournait naturellement à l’unique appât qui dût tenter son esprit, cette souveraine chimie dont elle aurait vécu.

Cependant, ce matin-là, en manchette, dans l’Alliance, un titre la fit sursauter. Un attentat