Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/199

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contre le Roi au faubourg. Elle dévora la première colonne. L’incident y était raconté sans commentaires, avec la joie secrète de révolutionnaires qu’un reste de censure muselle encore. C’était la veille au soir, dans la grande rue du faubourg l’automobile du roi, revenant du Château-Conrad, suivait la chaussée à petite allure. Quatre agents cyclistes la précédaient, quatre autres la suivaient. Son escorte ordinaire de dix gardes blancs environnaient la voiture, un coupé fermé où le souverain, qui conduisait lui-même, était assis auprès de son aide de camp, le colonel Rodolphe. La rue était passablement houleuse et les bandes d’enfants, échappés de l’école, apportaient un appoint aux bandes de tisseurs qui déambulaient le long du trottoir. Soudain, à la hauteur de l’église, une pierre partit, creva la vitre du coupé et s’y engouffra, L’automobile fit halte ; agents et gardes se massèrent autour de la voiture. Cependant, sur le trottoir, les grévistes, dont pas un n’avait bronché, continuaient leur processionnement lent de désœuvrés. Deux des cyclistes allaient se précipiter pour rechercher l’auteur de l’agression, quand le colonel Rodolphe, baissant la glace brisée, les rappela et leur communiqua l’ordre royal qui était de ne tenir aucun compte de l’accident. Puis, ronflante et trépidante, l’automobile avait repris sa route. Le journal, sans apprécier l’acte, concluait à l’état d’esprit hostile qu’il révélait