Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/200

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chez le prolétariat. Pour la seconde fois, Wolfran V était attaqué et blessé dans ce même faubourg que ses décrets avaient affamé…

L’unioniste sentit une rougeur lui monter au visage. La légende du gamin jetant le caillou ne la trompait point. Seul un tisseur pouvait avoir fait cela, et toute une foule solidaire avait couvert le geste sous son impassibilité pour ne pas démasquer le coupable. Clara était très agitée et ne démêlait pas ses sentiments divers. Avant tout, elle était indignée. Blesser, faire couler le sang ; mais où était le principe d’amour qui la charmait dans l’Union ? Elle pensa que Wolfran eût pu être tué, elle imagina l’homme jeune et puissant qu’elle avait vu si exubérant de vitalité, ramené gisant au fond du coupé noir, et elle frissonna.

Au même instant, comme elle éprouvait en pensant à l’Union cette gêne, cette honte que nous inspire la mauvaise action de qui nous tient de près, la sonnerie du téléphone l’appela dans son cabinet de travail. À l’appareil, elle reconnut la voix de la comtesse Hermann Ringer, grande maîtresse de Sa Majesté, qui l’invitait au thé du soir, de la part de la reine.

Elle avait eu moins d’émotion à s’y rendre une première fois qu’elle n’en éprouva ce soir-là en se dirigeant vers la bibliothèque de la reine. Mais aujourd’hui c’était une douce émotion de son cœur ; ah ! que cette invite des souverains l’avait touchée dans de telles circonstances où on lui