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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/201

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montrait de la sympathie pour la séparer nettement du souvenir même de l’attentat ! Vraiment, ne plus haïr lui semblait très bon ; elle n’était point faite pour la haine. Ne pouvait-on, sans mentir à sa religion sociale, détacher les individualités de l’idée qu’on détestait ?

Elle pénétra dans le petit salon-bibliothèque où la lampe à pétrole dorait le tapis vert de la table ronde. On ne vit point entrer la nouvelle venue : toutes les personnes présentes étaient massées près de la cheminée, penchées, examinant attentivement un objet dont l’aspect leur arrachait de sourdes exclamations. Celui qui, se redressant, aperçut le premier Clara, fut le roi. Il était en colonel de hussards ; le relief des brandebourgs semblait élargir sa poitrine ; la tête légèrement renversée projetait en avant la barbe rousse ; un pansement blanc lui enserrait le front. Il sourit silencieusement et tendit la main à mademoiselle Hersberg.

— Oh ! Sire, s’écria-t-elle avec tout l’élan de sa nature spontanée, ce qui est arrivé est odieux ; je suis indignée, indignée.

— Baste ! fit-il légèrement, vous en verrez peut-être bien d’autres !

La reine intervint, elle tenait à la main un caillou de la grosseur d’une petite pomme.

— Tenez, mademoiselle Hersberg, voyez, voici la pierre.

Après tout le monde, Clara prit le morceau de