Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/202

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silex ; elle le roulait dans sa grande main fine, elle était haletante ; ses yeux se relevèrent, allèrent au front blessé de Wolfran : ils étaient pleins d’une alarme indicible. Elle murmura :

— Ce ne peut être qu’un fou…

— Oh ! un fou !… prononça une voix ironique.

Et elle aperçut monseigneur Bertie, duc d’Oldany, qui la dévisageait curieusement à travers le cristal du lorgnon. Le grand maréchal d’État, dont la silhouette herculéenne écrasait le prince hollandais, ajouta sous sa terrible moustache en brosse :

— Ils sont trente mille atteints de la même folie !

Froningue, le grand peintre officiel d’Oldsburg, qui avait été invité à l’intime soirée, déclara solennellement :

— Votre Majesté, en défendant la recherche des coupables, a donné un grand exemple de clémence et de magnanimité…

Précisément, d’une voix très altérée et que nul autre que le roi n’avait entendue, Clara venait de dire la même chose en des termes plus simples. Wolfran répartit :

— Qu’ils me fassent sauter s’ils veulent, je sais ce qui attend aujourd’hui les chefs d’État, et je ne tiens pas à la vie, mais pas d’histoire pour si peu ! C’était de quoi tuer un moineau. Le pays a d’autres questions plus sérieuses à trancher.