Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bouton de la blouse, l’arracha, enleva la manche. L’archiduchesse, très calme, un peu plus pâle encore que de coutume, lui demanda ce qu’elle faisait. Clara répondit :

— Je descends.

— Non, mon amie, ne descendez pas.

— Je descendrai, fit l’unioniste haletante. La fragile Altesse la saisit aux poignets fortement.

— Votre devoir est de demeurer près de moi.

— Mon devoir, dit Clara, il est en bas, là, près de cet homme à qui j’appartiens par ma promesse plus que vous n’appartenez à monseigneur de Hansen… Mon devoir est près du peuple à qui je suis vouée depuis mon enfance ; je suis consacrée au peuple, moi ; j’ai vécu par l’idée de le conduire au bonheur, et aujourd’hui qu’il se réveille, où suis-je ?

Elle frissonna et continua de se dévêtir farouchement.

Wanda, sereine, la dominait et dit avec froideur :

— Vous flairez l’émeute, et vos appétits de révolutionnaire se ravivent ; vous croyez le grand jour venu et vous regrettez de n’être point mêlée au tourbillon de la populace ; vous voulez prendre rang dans la bataille, et si tout à l’heure le palais est envahi, si le moment est venu du massacre, c’est vous qui conduirez les insurgés dans nos chambres que vous connaissez bien…