Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/221

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Le visage de Clara se décomposa, sa blouse tombait à ses pieds ; elle demeura immobile, incertaine et tragique.

— Il faut prendre parti, ma chère Hersberg, disait l’archiduchesse d’une voix étrange ; il faut prendre parti… Dans quel clan vous rangez-vous ? Voici le peuple, le peuple idolâtré, et voilà les souverains exécrés.

À ce moment, des cris de femmes retentirent aigus et stridents ; la chimiste et l’Altesse se précipitèrent au carreau. Elles virent une bande d’artisanes, plus véhémentes, plus impétueuses que les hommes, filtrer dans la masse, se ruer aux grilles qu’elles secouaient en lançant éperdument l’appel au roi.

Le roi ne répondit pas, mais la porte du corps de garde s’ouvrit, dans la cour d’honneur, et un homme en sortit, serré dans un pardessus au col de fourrure. C’était le ministre de la police. Il vint et harangua brièvement la multitude. Sa Majesté avait toléré la manifestation, à condition qu’elle fût calme et silencieuse, respectueuse de l’ordre et des pouvoirs publics. Sa Majesté n’entendait nullement parlementer sur une sommation de la foule. Elle recevrait en audience, sur demande préalable, telle ou telle délégation des tisseurs qui voudraient exposer les revendications du prolétariat, c’était tout.

Mais il était trop tard. Le désir de commander maître avait été exacerbé chez la bête