Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/223

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qu’entra le poitrail des chevaux. Derrière les vitres on entendait l’immense gémissement d’angoisse monter de la foule. Elle se défendait. De toutes parts les bras se levaient, l’acier des revolvers luisait, les coups crépitaient. Le pistolet des cavaliers riposta. On vit un enfant, frappé dans un arbre, tomber le front sanglant. Aux fenêtres des ministères, des fantassins apparurent, le fusil à l’épaule.

— Mais que le roi se montre ! gémissait Clara en se tordant les mains.

L’archiduchesse se rapprocha, autant pour fuir le spectacle que pour consoler son amie.

— Ma pauvre Hersberg ! murmurait-elle, ma pauvre Hersberg !

Et elle la tenait prisonnière dans ses bras.

Si maîtresse d’elle toujours, la chimiste avait dû s’asseoir : elle n’avait plus une larme. Elle disait sourdement :

— Laissez-moi, Altesse, laissez-moi. Je vous ai aimée, oh ! oui, aimée tendrement, mais je ne suis pas de votre parti, je ne puis pas en être ; je n’en serai jamais. Je suis avec ceux qu’on tue en bas ; je sens mon sang couler, mes membres se rompre ; oh ! pauvres gens ! pauvres gens ! tant de misère et une telle mort ! Oui, je suis contre le roi ; le roi responsable de tant de crimes…

— Ma pauvre Hersberg répétait tendrement l’Altesse.