Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/228

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solitude que je vais chercher là-bas… du recueillement, de la nuit et du silence.

— Pauvre cœur sensible ! soupira la vieille Française, pauvre cœur impressionnable et si troublé !

Et l’unioniste continua son chemin par le corridor secret. Lorsqu’elle entra par la porte dissimulée, la salle de musique était dans l’obscurité. Elle poussa au hasard le premier bouton d’électricité. Une lampe isolée s’alluma au fond, près de l’orgue, dont les tuyaux ternes eurent un pâle éclat. Les murailles, vêtues de drap rouge, s’empourpraient au voisinage de la lumière, puis elles passaient à la couleur tragique du sang répandu ; près de la grande porte, elles devenaient noires ; les violes et les cithares y ressemblaient à de sombres escargots géants grimpant vers la corniche en régulières théories. Muets et massifs, les pianos, les harmoniums, obstruaient le passage. Clara demeura debout près d’une harpe dorée dont la volute reflétait la lumière lointaine. Elle s’efforçait à déchiffrer l’intention royale. Peut-être était-ce un congé qu’avec tant de mystère on allait venir lui signifier ici. L’humiliation qu’elle ressentit à cette pensée stimula encore son orgueil de libertaire.

Une stalle de chêne était adossée au mur. Après un long quart d’heure d’attente, Clara, lassée, vint s’y asseoir. Elle rêvait dans la demi-