Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/230

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— Voilà une affreuse journée !

Clara se contenta de demander :

— Combien de morts ?

— Dix-sept.

— Ah ! soupira-t-elle en détournant la tête.

Wolfran leva les bras, ses lèvres allaient commencer une phrase ; mais il se tut, ses bras retombèrent dans un geste d’accablement et d’impuissance. Alors Clara, d’une voix mal assurée, se mit à réciter l’objurgation préparée : Ils étaient venus paisibles et confiants…, ils s’adressaient à Votre Majesté comme à leur… Mais elle comprit soudain qu’elle mentait, car ils étaient venus en vérité haineux et pleins de défiance, comme un troupeau qui s’insurge contre son maître, et elle n’osa pas achever. D’ailleurs, Wolfran lui fit signe de s’asseoir dans la stalle de chêne, et avec ce mélange d’autorité et d’affabilité dont il était coutumier :

— Il y aura des répressions sévères ; désirez-vous beaucoup que Kosor soit épargné ? Je sais qu’il vous est cher, et j’aurais du chagrin à vous contrister. C’est pourquoi je suis venu ce soir. Avant une heure, il doit être arrêté dans une maison meublée du faubourg où il s’est caché et dont voici l’adresse. Johannès Karl et Conrad étaient déjà pris tout à l’heure. Le vieil Heinsius l’est, sans doute, au moment où je vous parle. Je veux un exemple sérieux et que mon peuple perde l’habitude de ces mouvements d’ensemble