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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/232

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la tentative d’aujourd’hui. S’il reste dans l’incapacité de nuire à la nation et que vous ayez une grande joie à le sauver…, pendant une heure mes yeux seront fermés.

— Ah ! Sire, dit-elle le cœur gros, comme un enfant qui va pleurer, je n’ai pas compris de tout ce jour la conduite de Votre Majesté ; j’aurais voulu comprendre pour me soumettre, mais non, je ne puis pas, je ne m’explique rien.

— Vous m’avez maudit ?…

La tête de Clara fléchit dans un mouvement d’aveu.

— Il ne faut pas me maudire, mademoiselle Hersberg, jamais ; il ne le fallait pas aujourd’hui surtout où j’ai tant souffert. Quand on gouverne un peuple, voyez-vous, on ressemble à l’homme qui tiendrait dans sa main la clef d’une écluse formidable. Est-ce qu’on doit être sévère pour lui, même lorsqu’on ne s’explique pas tout le jeu de ses mouvements mystérieux ? Ah ! il est dur d’être responsable à ce point… Je sens la Lithuanie entière frémir… Mille désirs divers et contradictoires montent vers moi… Tous les partis se réclament de la vérité et de la justice. Mais moi je sais qu’il n’y a qu’une vérité, et je conduis mon peuple à sa lumière. Je sais où je vais, je sais où je vais, par le tonnerre du ciel !

Il était blême, tout contracté, un spasme le secoua et tout seul dans cette pénombre où il se dressait, blanc comme un marbre, il parut à