Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/233

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Clara plus grand qu’un homme. L’essence de la monarchie lui fut révélée dans un éclair. Elle avait vu le roi.

Et il restait là, perdu dans ses pensées. Ses yeux fixés dans le vague y contemplaient sans doute encore la foule et non point la fourmilière humaine qui avait un moment, le matin, envahi la ville, mais la multitude même de son peuple avec ses passions, ses besoins, ses misères, sa véhémente soif de bonheur.

— Ah ! soupira Clara, brisée, peut-on savoir où est la vérité ?

Wolfran, revenu aux contingences, tira sa montre :

— Mademoiselle Hersberg, vous n’avez plus que cinquante-deux minutes.

Elle tressaillit, le regarda, il lui souriait affectueusement et elle s’en trouva toute réconfortée.

— Je remercie Votre Majesté, balbutia-t-elle.

Cette fois, il lui prit les deux mains qu’il garda dans les siennes une seconde.

— J’ai voulu vous donner une marque d’estime, dit-il.

L’image d’Ismaël était encore lointaine et confuse dans l’esprit de Clara, au moment où sa voiture, dont elle se servait pour la première fois, arrivait à la ruelle avoisinant le port marchand où se cachait le fugitif. La scène de la salle de musique avait laissé en elle un souvenir trop vif.