Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/234

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Elle revoyait sans cesse Wolfran dans sa tunique blanche, surchargée de passementeries, de décorations, si divinement impérieux, si troublant de certitude et de sécurité devant l’angoisse populaire : « Je sais où je vais ! » Véritablement il s’érigeait devant le regard de son âme pareil à une lumière vigoureuse et stable, un phare puissant au milieu de la mer, la nuit. Mais elle allait à Ismaël, il fallait penser à Ismaël, il fallait sauver Ismaël. Et elle se disait : « Quelle sensibilité cache le cœur de ce prétendu tyran, quelle délicatesse pour épargner, en dépit de tout son entourage, l’homme que j’aime. »

La voiture s’arrêta devant une maison haute et noire où, d’étage en étage, apparaissaient des fenêtres éclairées.

Au même instant, bien qu’une minute auparavant la ruelle eût paru déserte, quatre agents en civil entourèrent la jeune femme et, brutalement, lui interdirent l’accès de la maison meublée. Mais elle fit voir le laissez-passer du ministre de la police, qui fut examiné avec curiosité et pendant un long moment. Enfin, on lui permit d’entrer. À l’entresol, une grosse femme lui demanda ce qu’elle voulait et la conduisit à la chambre où se cachait l’homme traqué. Elle ouvrit. Ismaël Kosor, les bras croisés sur son torse maigre, attendait l’arrestation. Il vit Clara, poussa un cri :

— Toi ! c’est toi !