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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/24

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nouée à la nuque, son beau front soucieux, et la palpitation de tout son être. Dans la cornue, des effervescences soulevaient des moutonnements d’une matière opaque.

Soudain, on entendit un petit déclenchement. Mademoiselle Hersberg avait arrêté le courant, et, redressée maintenant, une flamme aux joues, fraternisant avec tout l’auditoire, elle dit victorieusement :

— C’est fait.

Elle était redevenue la grande Hersberg, la créatrice, la première personnalité scientifique du pays. Ses aides achevèrent le démontage de l’appareil, le filtrage des liquides, la purification des résidus qui devait détruire les matières étrangères au thermium. Pour elle, emportée, malgré sa froideur apparente, par un enthousiasme intérieur, elle prophétisait l’avenir du nouvel élément, citait les applications diverses qu’on pourrait en faire en médecine, dans l’industrie, dans les laboratoires. Le jour où, non content de le faire apparaître dans sa cristallisation, on s’en serait rendu maître, lorsqu’on aurait déterminé ses atomicités, qu’on le posséderait isolé, et qu’il serait produit en masse, n’aurait-on pas dans cette matière une source calorique inextinguible, une houille verte en même temps ardente et incombustible ?

L’orgueil naïf des savants, cette simplicité dans la satisfaction de l’ouvre accomplie l’inondait,