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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/251

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— Personne ne vous demande le sacrifice de vos convictions, mademoiselle Hersberg, vous êtes trop loyale pour qu’on ne vous fasse pas crédit. Essayez seulement de nous comprendre. Au surplus, vous demeurerez toujours une ennemie très respectée.

Mais Wolfran reprit, d’une voix singulière :

— Avoir vu la cité future et la nier, on le peut. Avoir fait un rêve et se réveiller, est-ce impossible ?

Le réveil est affreux alors, dit Clara.

— Le réveil, c’est la vie, dit Wolfran.

Cette visite dont Clara ne devait s’expliquer l’objet secret que plus tard, allait briser définitivement la glace entre l’unioniste et le prince étranger. Il était venu, lui dit-il, poussé par la curiosité de la contempler à l’œuvre, maniant le feu et l’air, faisant et défaisant les corps. Tout l’intéressait, la chimie autant que le reste, affirmait-il encore ; il aurait voulu tout savoir. Les sciences exactes le reposaient de la politique, science incertaine. Il déclara qu’il n’était pas artiste. Cette phrase s’accompagne toujours chez ceux qui la prononcent d’une intention de mépris pour l’art.

Clara pensa au charmant prince de Hansen, si subtil et spirituel, qui effleurait par manière de jeu les pensées les plus ardues, toutes les philosophies, toutes les opinions, tous les arts, toutes les chimères. Jeune, poète, esprit gracieux, amateur de talent, héros du plus tendre et du plus triste