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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/262

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tous les meneurs d’hommes. Mais quand il s’agit de conduire un troupeau humain, troupeau noble, troupeau supérieur, je vous l’accorde, mais troupeau, les abstractions perdent leur sens, des inscriptions sur des banderoles. légères qui volent au vent et voilà tout. Une seule théorie s’impose : tenir la main impitoyablement à l’accomplissement de tous les devoirs. Tout est là. Quand chaque citoyen fait son devoir, les droits de la cité sont saufs. Il n’y a qu’un seul mot qui ne dupe pas, qui ne monte pas les têtes, qui soit véritablement puissant, c’est le Devoir. C’est avec ce mot-là qu’un gouvernement est fort.

Clara l’écoutait avec fièvre. Il lui semblait qu’elle aimait de telles paroles, si nouvelles. Pourtant, un ressaut de sa foi unioniste la fit s’écrier avec l’accent des vieux sociologues :

— Mais le bonheur, le bonheur humain que nous voulons, que nous préparons, pour lequel nous sommes prêts à mourir… ?

— Mademoiselle Hersberg, dit le roi, il est une loi merveilleuse qui veut que le bonheur soit précisément le fruit naturel du Devoir accompli. Voilà un mot qui ne griserait pas le peuple et que vous devriez lui dire, vous qui souhaitez le rendre heureux. Vous avez prétendu le conduire à la félicité par un autre chemin, celui de ses droits…, je le crois long…

— Le Devoir souvent n’est que douloureux, objecta Clara.