Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/273

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douce qu’il lui faisait. Mais les circonstances, en les arrachant à des conversations purement spéculatives, allaient donner à l’étrange amitié de ces deux êtres un caractère tout nouveau.

Un matin, madame de Bénouville vint surprendre Clara au laboratoire. Son air était plus secret que jamais ; dans son grand visage pâle, ses paupières flétries se baissaient confidentiellement, et elle tendit un billet à Clara en lui disant qu’il venait du roi.

Ce n’était point une lettre cachetée ; ces quelques mots seulement, griffonnés à la hâte, sur un carton « Chère mademoiselle Hersberg, si Wanda vous demande la possibilité de revoir une dernière fois chez vous le duc de Hansen, n’ayez point de scrupule à faciliter, en dehors de moi, des adieux si cruels, si peu protocolaires. Je les ignorerai. Je voudrais les adoucir. Vous le saurez peut-être faire. — Wolfran. »

— Voici ce qui arrive, expliqua la vieille dame en grand mystère. Monseigneur Géo doit rejoindre l’escadre demain matin. Il a dîné hier soir à la table de Leurs Majestés avec le ministre de la marine et divers officiers supérieurs. Les adieux officiels ont été échangés. Il paraît que la pauvre chérie a été plus forte qu’on n’aurait cru et n’a laissé rien voir de son âme. Mais cette nuit toute sa peine s’est ravivée. Elle ne peut pas croire qu’on les sépare à jamais sur cette entrevue d’étiquette. Elle est dans un état d’angoisse indi-