Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/274

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cible. En vérité, je ne retrouve plus en elle l’enfant d’hier ; son cœur a changé ; on croirait qu’une fièvre l’a prise. Elle répète : « Je veux le revoir ; j’en ai le droit. Je ne lui ai pas tout dit. Puis, je veux avoir été tenue dans ses bras, oui, je veux cela, être dans ses bras une minute, comme sa femme. » Et je ne reconnais plus ses yeux, si sombres, si tristes… Enfin, tout à l’heure, elle a médité un arrangement, qui était de rencontrer dans votre appartement le prince, qu’elle eût fait appeler là. Elle s’en est ouverte à moi, qui suis, Dieu le sait bien, plus déchirée qu’elle-même. Mais je vous connaissais assez pour douter si vous vous prêteriez à ce jeu délicat et clandestin. Je connais aussi Sa Majesté, dont le cœur s’est formé, je dirai, sous mes yeux… je suis allée le trouver ; je savais ce qu’il déciderait ; je savais aussi, grâce à son assentiment, délivrer votre conscience d’une alternative douloureuse.

— Tout ce que je puis faire pour Son Altesse, je le ferai, dit Clara très remuée. Elle sera ici chez elle. Comment dois-je agir ?

La vieille dame expliqua que le prince Géo, logeant au petit palais que la famille de Hansen possédait près d’Oldsburg, accourrait en automobile au premier coup de téléphone. Il viendrait comme pour saluer Clara. Ce serait précisément l’heure de la leçon pour l’archiduchesse, les deux pauvres enfants se retrouveraient quelques instants encore.