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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/293

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Karl, dont la vie s’était écoulée dans les calculs et les statistiques, et qui, coupables seulement d’avoir transcrit leur rêve arithmétique, semblaient innocentés d’avance par la sérénité même du Chiffre, furent les plus rudement frappés. Leur correspondance avait été saisie chez Kosor, rue aux Juifs, avec un devis original des dépenses du train royal, devis imprimé et lancé chez les grévistes sous forme d’excitation au pillage quelques jours avant la manifestation dirigée par Ismaël. Cette circonstance valut aux deux calculateurs les honneurs du principal rôle dans le complot, et, payant pour Kosor, ils furent condamnés à dix ans de forteresse. Les intellectuels incriminés ne devaient subir, pour la plupart, qu’une année d’emprisonnement.

Clara fut la première à connaître le jugement. Elle en apprit la teneur de la bouche même du roi. Il savait dans quelle anxiété elle attendait ce verdict. Neuf heures sonnaient, et elle revenait de l’amphithéâtre où elle avait fait son cours, quand le colonel Rodolphe vint lui dire que Sa Majesté désirait s’entretenir un instant avec elle. Elle s’apprêtait, sur ces mots, à se rendre chez le roi, mais l’aide de camp la retint L’intention de Sa Majesté n’était point de la déranger à cette heure tardive ; elle priait mademoiselle Hersberg de la recevoir ici même.

Quelques minutes plus tard, en effet, le roi frappait chez Clara. Elle avait à peine eu le temps