Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/294

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de se déganter et d’ôter son chapeau. Elle lui dit :

— Que vous êtes bon, Sire !

— Chère mademoiselle Hersberg, répliqua-t-il, je ne suis pas bon pour m’être permis une heure d’heureuse liberté et d’agréable conversation. J’ai craint que vous ne fussiez péniblement impressionnée par les résolutions du tribunal national. J’ai voulu vous en avertir personnellement avec tout le respect que je professe pour vos sentiments d’amitié, pour vos attachements philosophiques. Puis, ajouta-t-il, repris par un de ces élans de gaieté légère qui ressuscitaient en lui sa jeunesse, j’ai le cerveau très fatigué par une telle journée. Et, en venant causer avec vous, j’ai échappé au conciliabule qui se tient depuis le dîner entre le duc d’Oldany et le duc de Zoffern. Voilà tout. Vous ne m’en voulez pas ?

Elle ouvrit ses beaux yeux limpides, des yeux de la seizième année que l’âge avait un peu cernés de noir sans rien ôter à leur fraîcheur comme si, en cette femme faite, le cerveau avait mûri, mais point l’âme.

Et le roi, aussitôt :

— Vos amis ont été cruellement punis.

— Ah ! fit-elle anxieuse, et qu’ont-ils eu ?

Il lui énuméra les peines qui frappaient Conrad, mais surtout Goethlied et Johannès Karl.

Elle fut d’abord atterrée. Ces dix ans de forteresse lui semblaient horrifiants. Elle retenait à grand’peine ses larmes. Elle dit enfin :