Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/295

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— C’étaient deux hommes du peuple d’une extrême douceur, la bonté même. L’un était d’Oldsburg, l’autre était venu des provinces maritimes. Ils avaient le génie de l’arithmétique, ils l’employèrent à servir les théories collectivistes. Ils ne pensaient qu’à assurer à chaque être humain ce qui, selon leurs calculs, était nécessaire à l’entretien et au charme de la vie. Si Votre Majesté les avait connus !…

— Je les ai connus, répondit Wolfran.

— Quand cela ?

Il fit un geste vague :

— Autrefois…

Elle n’osa pas insister et interrogea

— Et le vieil Heinsius ?

— J’ai demandé qu’il fût épargné, dit le roi. Son âge le rendait à la fois trop inoffensif et trop vénérable ; je me suis souvenu du docteur Kosor et de sa triste mort dans l’exil. Et puis…, je me suis souvenu de quelqu’un qui avait fréquenté d’assez près ces deux vieillards. C’était un jeune prince fougueux, idéaliste et chimérique. Les théories unionistes l’avaient enivré. Votre père adoptif lui a parlé un jour sans soupçonner sa condition et ne voyant en lui qu’un disciple plus vibrant qu’un autre.

Une lampe à pétrole, en porcelaine, que coiffait un abat-jour de carton vert, éclairait d’une lueur douce et simple l’intérieur de la savante, et dans cette lumière, sur le bureau, apparaissait et